Les arbres formaient une forêt sombre et dense, une
voûte contre laquelle les rayons du soleil se heurtaient et mouraient jusqu’à
l’arrivée de la nuit. Alors la lune prenait leur place et trouait le ciel noir,
ne laissant à la lumière que la surface de son cercle parfait. Des fourmis cavalaient entre les
feuilles et les branches tombées à terre, se faufilaient, escaladaient,
dégringolaient, se redressaient, repartaient, tombaient, piétinaient, parfois
mouraient elles aussi. Un oiseau aux yeux jaunes sautait par-dessus les racines
tordues d’un chêne au tronc pelé. Des vers s’étaient glissés sous son écorce et
avaient mangé sa chair blanche, avant de s’en aller vers un autre festin. Sous
la mousse rampaient des milliers de minuscules créatures voraces, à l’appétit
insatiable, dont les pattes étaient pourvues d’aiguillons, les yeux de
facettes, la bouche de crochets.
Joël marchait en levant haut les genoux pour ne pas
les égratigner aux épines des ronces, mais il ne pouvait éviter le cruel duvet
des orties.
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