© Ce blog présente les ouvrages de
Camille Rouschmeyer
parmi ses écrits et ses photographies au jour le jour.





jeudi 13 septembre 2012

cruel duvet


Les arbres formaient une forêt sombre et dense, une voûte contre laquelle les rayons du soleil se heurtaient et mouraient jusqu’à l’arrivée de la nuit. Alors la lune prenait leur place et trouait le ciel noir, ne laissant à la lumière que la surface de son cercle parfait.  Des fourmis cavalaient entre les feuilles et les branches tombées à terre, se faufilaient, escaladaient, dégringolaient, se redressaient, repartaient, tombaient, piétinaient, parfois mouraient elles aussi. Un oiseau aux yeux jaunes sautait par-dessus les racines tordues d’un chêne au tronc pelé. Des vers s’étaient glissés sous son écorce et avaient mangé sa chair blanche, avant de s’en aller vers un autre festin. Sous la mousse rampaient des milliers de minuscules créatures voraces, à l’appétit insatiable, dont les pattes étaient pourvues d’aiguillons, les yeux de facettes, la bouche de crochets.
Joël marchait en levant haut les genoux pour ne pas les égratigner aux épines des ronces, mais il ne pouvait éviter le cruel duvet des orties.

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