© Ce blog présente les ouvrages de
Camille Rouschmeyer
parmi ses écrits et ses photographies au jour le jour.





mardi 31 août 2010

En forêt


Elles parlent, mon amour, les âmes vertes...
sur ce muret de pierres, au faîte de cet arbre,
partout où nos yeux déposeront les armes.


les âmes vertes
(vient de paraître)

lundi 23 août 2010

Sous leur regard

"Le médecin a posé Johanna sur ma poitrine. Elle était toute marbrée, elle avait des cheveux blond roux et des yeux pers, elle était irrésistible. Comme ensuite Florian avec son petit visage chiffonné et ses yeux très bleus, Tessa, ronde de partout et aux yeux noirs, et Alban enfin, l’air sérieux et les yeux sombres. Dès la première seconde où je les ai contemplés, je les ai trouvés irrésistibles. Mais ensuite je n'ai pas cessé de leur résister."


Extrait de épidermie

mardi 17 août 2010

Dans la chaleur de l'été

"Le soleil était au-dessus des toits, invisible. Je me tenais debout dans l'encadrement et je sentais dans mon dos la fraîcheur du couloir obscur. Devant moi, les petits jardins étagés se desséchaient dans l'air saturé de chaleur. Ma mère était étendue sur une chaise longue rayée de rouge et de blanc, à l'abri d'un parasol à la teinte passée. Elle lisait un livre. Quand j'avais débouché devant elle, je l'avais vue brièvement lever la tête et me sourire. Et quand j'avais rouvert les yeux, elle me regardait encore en souriant. J'avais descendu l'unique marche et étais allée m'asseoir à ses pieds. J'entendais les criquets ; les papillons – ils étaient innombrables en ce temps-là, dans ces jardins brûlés de soleil – voletaient d'une fleur à l'autre, leurs ailes étaient comme des pétales tourbillonnants. J'avais réussi, une seule fois, à effleurer l'un d’eux, immobile au coeur d'une marguerite, il avait laissé sur mon doigt une poudre irisée."

Extrait de Pour les enfants

lundi 16 août 2010

Chanson de gestes

"Ma mère était passionnée par son métier ; il n'est pas exagéré de parler de vocation. Elle se couchait toujours très tard pour corriger les devoirs de ses élèves et préparer les leçons du lendemain. Elle s'installait dans la cuisine avec ses cahiers, ses livres et ses stylos. Le lave-vaisselle bruissait. Les bengalis dormaient, la tête sous l'aile. Sur la table, un peu à l'écart, une tisane infusait sous une soucoupe.
Cachée dans le vestibule, je voyais ma mère penchée sur un cahier. Elle barrait un mot, refermait le cahier. Elle rapprochait la tasse, soulevait la soucoupe, retirait le sachet de verveine, le posait sur la soucoupe blanche. Elle prenait la tasse et la portait à hauteur de son visage. Prudemment elle avançait les lèvres en cul de poule sur le bord de la tasse et aspirait un peu de liquide en faisant un léger bruit, un peu sifflant, comme le vent d'une tempête enregistrée sur un magnétophone dont on aurait baissé le son. Elle reposait la tasse à côté de la soucoupe où le sachet trempé gisait au centre d'une petite flaque brune. Elle se penchait à nouveau sur le cahier, de temps en temps barrait un mot ou écrivait avec son stylo rouge. Elle refermait le cahier, en prenait un autre. A la fin il n'y avait plus sur la table qu'une seule pile de cahiers bleus."


Extrait de Pour les enfants

vendredi 6 août 2010

Johanna est comme ça

"Quand elle est passée à la télé la première fois, elle ne connaissait même pas le présentateur. Elle lui a dit bonjour sans savoir qui il était. Il a eu l'air un peu surpris et elle s'est excusée en lui disant qu'elle ne regardait jamais la télé puisqu'elle n'en avait pas. Je trouvais l'histoire drôle et touchante. Johanna est comme ça : drôle et touchante. Mais elle n'est pas que ça."


Extrait de épidermie

jeudi 5 août 2010

Trois lectrices


L'une est un peu magicienne
et fut la première
à débourser quelques sous
pour le premier de mes romans
la seconde est bienveillante
et c'est aussi Pour les enfants
sur lequel porta son choix
La troisième est mon amie
et commanda épidermie
A toutes les trois je dis merci !

mardi 3 août 2010

Anamorphose



Décor en sucre, dis-tu ?
Et si j'étais...

petit oeil voyeur
d'un perroquet blanc
clitoris de rose
ou portrait d'une dame !




Extrait de ANTHROPOMORPHISMES volume I

A la fenêtre


pour voir les beaux jours arriver
ils viendront c'est certain
à très petits pas sans avoir l'air
d'y toucher malgré les doutes
malgré les peurs n'aie crainte
les beaux jours arriveront
à très petits pas pour te laisser
le temps d'apprendre
comment tourne le monde
avec les envies
les petites jalousies
sois-en sûre ils viendront
les beaux jours colorés
de bleu de vert de rouge
et du blanc et noir des mots
et des espaces sur un ordinateur


Extrait de Le chat dans l'arbre