© Ce blog présente les ouvrages de
Camille Rouschmeyer
parmi ses écrits et ses photographies au jour le jour.





jeudi 29 septembre 2011

happy end


"– Quand j'étais adolescente, la plupart du temps mes parents se disputaient ou ne se parlaient pas. Ma mère me disait que mon père la faisait souffrir, qu'il n'était pas gentil avec elle. Mon père ne me disait rien. Soit il criait en s'engueulant avec ma mère, soit il se taisait. Ma mère me chargeait d'être sa messagère auprès de lui, elle me demandait d'aller le voir à son travail pour lui dire qu'il la faisait souffrir. Je faisais ce que me demandait ma mère. Je haïssais mon père. J'ai même imaginé que je pourrais le tuer. Je savais bien que je ne le ferais pas, je me faisais seulement mon film dans lequel je débarrassais ma mère de mon père, mais il n'y avait pas de happy end parce que dans mon film je m'étais transformée en monstre puisque j'avais tué mon père. Il n'y aurait jamais non plus de happy end dans la vraie vie parce que j'avais été capable dans la vraie vie d'imaginer que je tuais mon père. Je n'ai commencé à aimer de nouveau mon père que bien plus tard, quand je suis partie de la maison. Je me suis mariée, j'ai été enceinte, Johanna est née. Mes parents sont venus nous voir à la clinique. Ma mère a été la première à prendre Johanna dans ses bras. Elle avait peur de lui faire mal et l'a vite reposée dans son berceau. Je l'en ai ressortie et l'ai tendue à mon père. Il l'a prise avec précaution et assurance. Ma mère s'est écriée « Fais attention à sa tête ! » et a mis sa main sous la tête du bébé pour la soutenir. Mon père a fait doucement glisser Johanna sur son bras pour que le petit crâne vienne se nicher au creux de son coude. En même temps qu'il faisait ce geste ma mère retirait sa main. Mon père tenait maintenant seul sa petite-fille. Elle paraissait blanche et rose entre ses mains bronzées."

Extrait de épidermie

mardi 13 septembre 2011

Transmission de pensée























Extrait de ARBRES 
(à paraître)