© Ce blog présente les ouvrages de
Camille Rouschmeyer
parmi ses écrits et ses photographies au jour le jour.





mardi 20 décembre 2011

Tranche de vie





















Extrait de ARBRES
(à paraître)

mercredi 14 décembre 2011

Brachiosaure




Extrait de ARBRES
(à paraître)

lundi 28 novembre 2011

sans avoir peur

"Mes enfants m'ont souvent reproché d’avoir trop d’angoisses par rapport à eux. Je n’ai pas appris à aimer autrement. Est-il possible d'aimer sans avoir peur de perdre ceux qu'on aime ? Et sans se sentir coupable de trop aimer ou d’aimer mal ?"


Extrait de épidermie

jeudi 29 septembre 2011

happy end


"– Quand j'étais adolescente, la plupart du temps mes parents se disputaient ou ne se parlaient pas. Ma mère me disait que mon père la faisait souffrir, qu'il n'était pas gentil avec elle. Mon père ne me disait rien. Soit il criait en s'engueulant avec ma mère, soit il se taisait. Ma mère me chargeait d'être sa messagère auprès de lui, elle me demandait d'aller le voir à son travail pour lui dire qu'il la faisait souffrir. Je faisais ce que me demandait ma mère. Je haïssais mon père. J'ai même imaginé que je pourrais le tuer. Je savais bien que je ne le ferais pas, je me faisais seulement mon film dans lequel je débarrassais ma mère de mon père, mais il n'y avait pas de happy end parce que dans mon film je m'étais transformée en monstre puisque j'avais tué mon père. Il n'y aurait jamais non plus de happy end dans la vraie vie parce que j'avais été capable dans la vraie vie d'imaginer que je tuais mon père. Je n'ai commencé à aimer de nouveau mon père que bien plus tard, quand je suis partie de la maison. Je me suis mariée, j'ai été enceinte, Johanna est née. Mes parents sont venus nous voir à la clinique. Ma mère a été la première à prendre Johanna dans ses bras. Elle avait peur de lui faire mal et l'a vite reposée dans son berceau. Je l'en ai ressortie et l'ai tendue à mon père. Il l'a prise avec précaution et assurance. Ma mère s'est écriée « Fais attention à sa tête ! » et a mis sa main sous la tête du bébé pour la soutenir. Mon père a fait doucement glisser Johanna sur son bras pour que le petit crâne vienne se nicher au creux de son coude. En même temps qu'il faisait ce geste ma mère retirait sa main. Mon père tenait maintenant seul sa petite-fille. Elle paraissait blanche et rose entre ses mains bronzées."

Extrait de épidermie

mardi 13 septembre 2011

Transmission de pensée























Extrait de ARBRES 
(à paraître)

samedi 27 août 2011

ce fils inconnu

"Jeudi 6 mars, dixième séance

– Cela fait plus de deux semaines que je n'ai aucune nouvelle de Johanna. Les dernières fois que je l'ai eue au téléphone, elle était très distante. Je m'inquiète pour elle. J'ai vu une fois une émission dans laquelle des gens racontaient les difficultés qu'ils vivaient avec leurs enfants. Un père racontait que son psy lui avait conseillé de ne plus ouvrir la porte à son fils drogué. Les autres invités à l'émission écoutaient son témoignage avec un air choqué. Ce que cet homme racontait les atteignait aux tripes, ça se voyait. Il racontait que son fils de vingt ans se droguait depuis trois ans, qu'il était parti de chez eux, qu'il vivait dans la rue, qu'il revenait de temps à autre frapper à leur porte, que c'était l'enfer quand il était chez eux, il les menaçait, il était violent. Et c'était l'enfer quand il repartait et qu'ils ne le voyaient pas et n'avaient plus de nouvelles de lui pendant des mois. Le père racontait qu'il allait là où il savait qu'il avait une chance de trouver son fils, il parlait aux drogués, aux SDF, ils lui disaient où était son fils, il le trouvait, il lui parlait, il tentait de renouer le dialogue. Cet homme et sa femme étaient allés voir un psychanalyste. Il leur avait conseillé de laisser leur fils à la porte, de ne plus lui ouvrir. Un soir, leur fils avait frappé à leur porte, supplié, il avait faim. L'un des invités à l'émission s'est exclamé « Vous ne lui avez même pas donné un sandwich ? » L'homme a dit que non, il avait suivi à la lettre le conseil de son psy, il avait laissé son fils à la porte, il n'avait rien donné à manger à son fils. Sa femme avait voulu le faire, il l'en avait empêchée. Quand leur fils était reparti, sa femme et lui avaient pleuré. A l'émission il parlait d'une voix posée, même devant les doutes et les reproches silencieux des gens autour de lui. Il disait qu'il ne regrettait pas de n'avoir pas ouvert. Il disait que la vie de son fils appartenait à son fils. Il avait cessé de chercher son fils dans la rue. Ils n'avaient plus de nouvelles de leur fils depuis des lustres. Je me suis projetée dans leur situation. Je me suis demandé si j'aurais laissé mon fils ou ma fille dehors, si j'aurais été capable de ne pas lui ouvrir la porte. Je me disais que non, je lui aurais ouvert la porte, mais sait-on vraiment ce qu'on ferait dans une situation inconnue ? Si mon fils ou ma fille se droguait, me rejetait de sa vie, venait à la maison et m'agressait physiquement, lui ouvrirais-je ma porte ? Je pense que oui, mais je n'en suis pas sûre à cent pour cent. Je me disais que cet homme et cette femme avaient choisi de ne plus penser à leur fils mais qu'ils ne cesseraient d'y penser. Leur fils avait disparu de leur vie. Le fils qu'ils avaient connu, celui qui ne se droguait pas, celui avec lequel ils parlaient, celui avec lequel ils mangeaient, avait disparu de leur vie. Et le fils drogué, le fils menaçant et violent, avait lui aussi disparu de leur vie. Ils n'avaient plus que leurs souvenirs de leur fils d'avant la drogue et de leur fils d'après la drogue. Quel avait été le moment où le fils avait commencé à se droguer ? Pourquoi avait-il commencé à se droguer ? Le père ne disait rien de tout ça. Peut-être ne savait-il pas. Peut-être avait-il honte de ne pas savoir. Peut-être se sentait-il coupable. Coupable de n'avoir pas été à la hauteur. A l'émission il racontait l'après-drogue, l'après-fils-qu'il-connaissait. Le fils qu'il connaissait avait disparu. Celui que le père allait trouver dans la rue parmi les drogués et les SDF n'était plus le fils qu'il connaissait. Le père a essayé de lui parler pour comprendre et connaître ce nouveau fils, pour créer un lien entre lui et ce fils inconnu, puis il a cessé. Il n'a plus ouvert la porte à son fils quand il revenait, il n'est plus parti à sa recherche dans la rue."

Extrait de épidermie

lundi 18 juillet 2011

L'accouchement



La cloche a sonné
tout allait renaître
et déjà je sentais
mon ventre se fissurer
d'une trop longue attente




Extrait de ANTHROPOMORPHISMES

 

dimanche 19 juin 2011

Oiseau



















Extrait de VARIATIONS
(à paraître)

dimanche 29 mai 2011

Que puis-je t'offrir, maman chérie ?























Des roses roses par voie postale
accompagnées d’une jolie carte
la France entière nous sépare
je voudrais m’envoler vers toi
et te serrer dans mes bras
tu me manques tu es si loin
mais il y a le téléphone
et les images que j’ai prises
ton sourire un peu forcé
oui tu n’aimes pas beaucoup
que l’on te prenne en photo
mais je te montre ton image
et tu vois comme tu es belle
alors ton visage s’illumine
et cette fois c’est pour de vrai !




Extrait de Le chat dans l'arbre

mardi 10 mai 2011

A fleur de peau

















Extrait de Un lac
(vient de paraître sur www.unefemmequiecrit.com)

dimanche 10 avril 2011

celui qui est là






"Il y a le bonheur auquel on aspire, mais il y a surtout celui qui est là et qu'on ne voit pas. Ma mère savait trouver les mots pour me faire comprendre ça."


Extrait de épidermie

jeudi 10 mars 2011

un tel bonheur

"Le soleil chauffait le fauteuil où je m'étais pelotonnée et en faisait luire doucement le cuir fauve, il étalait sur le parquet noisette une grande flaque de lumière et baignait toute la pièce d'une douce clarté. Je sentais bouger le bébé dans mon ventre et j'y avais posé la main. Je lisais un roman, j'étais bien. J'avais regardé autour de moi. Comme la lumière était belle, comme j'étais heureuse ! Ce bébé qui bougeait dans mon ventre, sous le tissu de ma robe inondée de soleil, comment un tel bonheur pouvait-il exister ?"


Extrait de Pour les enfants

mercredi 9 mars 2011

Deux aigles














Extrait de Un lac
(à paraître)

jeudi 3 mars 2011

Ouvrir les guillemets














Extrait de Un lac
(à paraître)

jeudi 10 février 2011

l'ère préhistorique

"Quand j'ai fait la connaissance de Nathan et que j'ai décidé de quitter mon foyer pour aller vivre avec lui, j'ai foncé droit devant moi, en bon Bélier que je suis, sans me poser de questions, sans douter, sans hésiter. Je n'étais plus déprimée. J'avais confiance en moi. Tout me semblait neuf, éclatant, je renaissais. Pas pour longtemps. Nathan se montrait peu à peu sous son vrai jour et je faisais de même. Chacun de nous comptait sur l'autre pour lécher ses plaies, mais elles ne guérissaient pas. Au contraire, elles s'envenimaient. Je sombrais à nouveau dans la déprime et lui dans une colère permanente contre le monde entier. Jusqu'à ce que chacun de nous se mette à lécher ses propres plaies. C'était l'éclaircie. Je pensais que nous étions tirés d'affaire. Loin s'en fallait. Nathan est l'homme que j'aime, n'empêche qu'en termes de partage des tâches il est resté coincé à l’ère préhistorique. A moi toutes les corvées ménagères en plus de mon boulot. Je ne m'en plaignais pas, j'aimais ça, même, le servir comme une gentille épouse dévouée. Jusqu'à ce que je regarde en face la hache de guerre qu'il avait déterrée sans que je m'en aperçoive. Alors j'ai réagi. J'ai commencé à tenir des discours féministes. Il n'y avait rien de tel pour le mettre en rogne. Il me le faisait payer cher : il ne me parlait plus. "



Extrait de épidermie

lundi 7 février 2011

une petite fille froide

"Dès l'instant où l'on met un enfant au monde, il est concerné par les vies qui ont abouti à sa vie à lui. C'est pour ça que je demande à ma mère de me raconter sa vie. Mon père est mort, je n'ai pas pensé à lui demander de me raconter sa vie. Il est trop tard maintenant. Il me reste ma mère, il n'y a qu'elle qui peut me dire d'où me viennent mes idées noires. Peut-être ne me fournira-t-elle aucune réponse, mais au moins j'aurai parlé avec elle, ou plutôt j'aurai fait en sorte qu'elle me parle. Parce que je ne lui pose pas de vraies questions elle me dira la vérité et je pourrai la croire. Je me suis rendu compte que j'aime ma mère. Je veux l'aimer. Je ne veux pas qu'elle meure en me laissant indifférente et froide. Il y a quelques années, j'ai reproché à ma mère de n'avoir jamais été démonstrative avec moi, de ne m'avoir jamais serrée dans ses bras. Elle m'a rétorqué que c'était moi qui étais froide, que quand j'étais petite, déjà à trois ou quatre ans, je refusais ses câlins, je la repoussais. Je n'en revenais pas qu'elle me dise ça. Elle me renvoyait mon reproche en pleine figure, comme un boomerang. Elle n'avait pas le droit, comment peut-on reprocher à sa fille d'avoir été une petite fille froide ? Maintenant je repense à ça. C’est vrai qu’il y a en moi quelque chose de froid, je le ressens. Ma mère a peut-être raison. Peut-être est-ce ma faute si elle n'a pas pu se montrer plus câline avec moi. Ou peut-être n'avions-nous pas des signes compatibles, peut-être n'étions-nous pas compatibles, tout simplement. De façon générale, on suppose toujours qu'une mère aime ses enfants et que cet amour est plus fort que tout. On suppose que l'amour maternel monte aux mères en même temps que le lait, mais que contrairement au lait il ne tarit jamais. On suppose qu'une mère est un être sans failles, que tout lui tombe du ciel au bon moment, tout simplement parce que le bébé a grandi en elle pendant neuf mois. Alors quand il arrive, elle l'aime forcément, plus que tout, et ça ne lui coûte pas parce qu'elle ne peut pas faire autrement, parce que c'est programmé. Pour moi c'était comme ça. J'étais mère et tout était parfait, jusqu'au jour où mon bébé n'a pas bu son biberon jusqu'au bout. A partir de là, les choses ont commencé à se détraquer. J'ai commencé à avoir peur. J'ai eu peur que Johanna ne mange plus du tout et qu'elle dépérisse, j'ai eu peur de ne pas être à la hauteur. A partir de ce jour je me suis sentie mère en perdition, avec en moi l'idéal de la mère parfaite, qui se bagarrait avec la femme jeune et insouciante à laquelle la mère parfaite voulait faire la peau. Et ça n'a jamais cessé. "



Extrait de épidermie

jeudi 13 janvier 2011

un doux éclat

"A la table du café, en face de cette jolie femme souriante qui était ma mère, je me sentais déborder de tendresse. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, caresser du bout des doigts sa joue soyeuse qui brillait d'un doux éclat au soleil de midi. Je ne fis pas le geste, ne tendis pas la main pour toucher la joue éclaboussée de soleil. Je n'avais que les yeux pour dire je t'aime."




Extrait de Pour les enfants

dimanche 2 janvier 2011

chats noirs















ils s'éveillent et s'étirent
comme des chats noirs
entre soleil et ombre



Extrait de les âmes vertes