© Ce blog présente les ouvrages de
Camille Rouschmeyer
parmi ses écrits et ses photographies au jour le jour.





jeudi 10 février 2011

l'ère préhistorique

"Quand j'ai fait la connaissance de Nathan et que j'ai décidé de quitter mon foyer pour aller vivre avec lui, j'ai foncé droit devant moi, en bon Bélier que je suis, sans me poser de questions, sans douter, sans hésiter. Je n'étais plus déprimée. J'avais confiance en moi. Tout me semblait neuf, éclatant, je renaissais. Pas pour longtemps. Nathan se montrait peu à peu sous son vrai jour et je faisais de même. Chacun de nous comptait sur l'autre pour lécher ses plaies, mais elles ne guérissaient pas. Au contraire, elles s'envenimaient. Je sombrais à nouveau dans la déprime et lui dans une colère permanente contre le monde entier. Jusqu'à ce que chacun de nous se mette à lécher ses propres plaies. C'était l'éclaircie. Je pensais que nous étions tirés d'affaire. Loin s'en fallait. Nathan est l'homme que j'aime, n'empêche qu'en termes de partage des tâches il est resté coincé à l’ère préhistorique. A moi toutes les corvées ménagères en plus de mon boulot. Je ne m'en plaignais pas, j'aimais ça, même, le servir comme une gentille épouse dévouée. Jusqu'à ce que je regarde en face la hache de guerre qu'il avait déterrée sans que je m'en aperçoive. Alors j'ai réagi. J'ai commencé à tenir des discours féministes. Il n'y avait rien de tel pour le mettre en rogne. Il me le faisait payer cher : il ne me parlait plus. "



Extrait de épidermie

1 commentaire:

  1. Un texte fort.
    Je connais un couple de nos voisins qui fonctionne comme ça.
    C'est pathétique...
    s.

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